Voici un cas bien étonnant que celui de
Robert Reed, ce musicien de rock progressif qui se lance dans un projet étrange et a priori vain : faire les albums que
Mike Oldfield n'a jamais pensé sortir ! Et ne sortira peut-être plus jamais, même si l'on peut porter quelque espoir à l'annonce de la sortie en janvier prochain d'un
Return To Ommadawn qui verra le musicien revenir à un album composé de deux plages et enregistré seul...
Bref... Deux albums sont sortis à ce jour :
Sanctuary (2014) et
Sanctuary II (2016).
Ma première écoute, sur Youtube, a duré trois minutes... Le temps de me rendre compte qu'il n'y avait rien d'original dans cette musique, mais surtout que
Reed n'était qu'un sinistre plagiaire : tout rappelle
Oldfield, et sur le premier album en particulier, on peut pointer les morceaux pompés. Mais le plus incroyable, c'est que non seulement il semble recycler les idées du maître, mais il le fait à la perfection : les mêmes sons (dont celui de la guitare), les mêmes arrangements, les mêmes timbres, les mêmes phrasés...
Il y a quelques semaines, en lisant un forum sur la musique surround, hi-rez' et compagnie, j'apprenais que ces albums étaient sortis en combo CD/DVD-A et que les mixes 5.1 étaient tellement bons qu'ils pouvaient faire office de galettes de démonstration. Bon, super, mais ça ne changeait rien au fait que nous avions affaire à un plagiaire... Les commentaires étaient tout de même élogieux à tout point de vue...
J'ai fini par acheter les deux disques... Après une première écoute, l'impression de départ semblait confirmée : c'est du
Mike Oldfield et on pourrait facilement faire croire aux fans qu'il s'agit de deux de ses disques récents... Vraiment dérangeant... Sauf que j'ai réécouté ces deux albums, et sans m'en rendre compte, j'y suis devenu accroc ! Si
Sanctuary ressemble à un sorte de remix des disques de la première décennie "oldfieldienne",
Sanctuary II est un poil plus personnel (un poil seulement, hein) ; les deux sont composés de deux suites d'une vingtaine de minutes, quasiment enregistrées seul (
Reed joue plus de vingt instruments et il les maitrise vraiment très bien), avec de très beaux vocaux féminins dans la lignée de ceux que l'on entend sur
Ommadawn ou
Amarok. Et justement, une fois la gêne de départ passée, les mélodies se fichent dans un coin de la tête pour ne plus en sortir, on se rend compte de la perfection maniaque du projet et on se retrouve finalement embarqué dans ces deux fois 40 minutes de musique inspirées (aux deux sens du terme). Les thèmes qui semblaient au premier abord s'enchainer sans queue ni tête finissent par prendre sens et former un ensemble très cohérent.
Quant aux mixes surround, ils sont effectivement parfaits : du niveau des meilleurs, dont
Steven Wilson ! Tout est clair, parfaitement spatialisé, agencé avec goût... Magnifique !
Au final, le plaisir de retrouver un monde familier, abandonné depuis bien longtemps, mais toujours aussi beau.
A noter que, sur le site de l'artiste (
ici) le premier album est disponible en CD/DVD-A avec un sampler offert et que le deuxième, CD/DVD-A aussi, est accompagné d'un disque bonus, avec entre autre un mix supplémentaire de l'album par
Tom Newman, qui s'occupait des albums de... devinez ?