Camel

Toujours tiré du fanzine "Your Majesty"...



1973. Tandis que Yes, Genesis et King Crimson ont déjà atteint leur maturité musicale, un petit groupe anglais, Camel, va pointer le bout de son museau dans l’univers du rock progressif. Sans révolutionner le genre, il apportera toutefois son lot de perles, dont une poignée d’albums devenus depuis de véritables classiques de l’histoire du rock.

Forts d’une expérience scénique déjà longue, Andrew Latimer (guitare, flûte), Peter Bardens (claviers), Doug Ferguson (basse) et Andy Ward (Batterie) entrent en studio en août 1972 sous la houlette du producteur Dave Williams, qui leur suggère immédiatement d’avoir recours à un chanteur, leur musique ayant été jusqu’alors totalement instrumentale. Après une recherche rapide et infructueuse, les quatre musiciens décident de se partager les vocaux. Six mois plus tard sort l’album « Camel » : le disque est assez réussi, proposant un rock progressif légèrement jazzy, très influencé par la scène de Canterbury (Soft Machine et surtout Caravan ) ; le défaut majeur de ce disque tient à l’inconsistance des parties chantées, rajoutées à la va-vite à des compositions prévues pour être instrumentales. « Camel » remportera cependant un succès d’estime.

Appuyés par une nouvelle maison de disque et un nouveau producteur, David Hitchcock (qui a produit Caravan et Genesis), Latimer & Co investissent les Basing Street Studios pour enregistrer le premier d’une triplette de chefs-d’œuvre. Cette fois, tous les morceaux ont été longuement mûris sur scène, rendant le travail en studio beaucoup plus efficace et le résultat est stupéfiant. Le 1er mars 1974 paraît « Mirage », à la célèbre pochette pastichant un paquet de cigarettes de la célèbre marque… Camel, bien sûr (qui ira jusqu’à fabriquer et distribuer gratuitement des paquets de cinq clopes avec, au dos, le tracklisting de l’album !… Autre temps, autres mœurs…). « Mirage » contient cinq chansons qui deviendront des classiques du répertoire du groupe. Cette fois, la marque de fabrique de Camel est bien là : des mélodies envoûtantes, un claviériste très inspiré derrière un Hammond B-3 au son bien distordu et un guitariste au jeu lumineux, proche d’un David Gilmour. Deux morceaux se démarquent particulièrement : « Nimrodel / The Procession / The White Rider », inspiré du « Seigneur des anneaux » et le classique des classiques, « Lady Fantasy Suite », treize minutes de bonheur, entre Genesis et Pink Floyd. Les énormes qualités de « Mirage » seront largement reconnues par la critique de l’époque et la tournée qui s’ensuivra remportera un énorme succès (particulièrement aux Etats-Unis).

Le successeur de « Mirage » sera un concept-album, inspiré d’un roman de Paul Gallico : « The Snow-Goose ». A noter que les différentes parties du disque devaient être liées entre elles par des extraits du livre, mais l’auteur, fermement opposé à l’usage du tabac, refusera jusqu’au bout que son oeuvre soit associée à un groupe portant le nom d’une marque de cigarettes ! Peu importe : l’album s’appellera « Music Inspired by the Snow-Goose » (avril 1975) et remportera un franc succès, malgré les craintes de la maison de disque : en effet, l’album, dont tous les morceaux s’enchaînent sans coupure (ou presque), est entièrement instrumental! « The Snow-Goose », bien que peu représentatif du groupe (à cause de l’absence des voix), est un chef-d’œuvre, peut-être leur meilleur disque, tant les qualités en matière de composition et d’arrangements sont éblouissantes.

Au moment de donner une suite à ce disque, on signifie cependant au groupe qu’il serait préférable de redonner sa place au chant. Dont acte. En mars 1976, « Moonmadness », sans doute le sommet du groupe, est dans les bacs des disquaires. Le producteur a changé : exit David Hitchcock, c’est désormais Rhett Davies qui assiste le groupe et qui va lui offrir un son aux petits oignons. Derrière une superbe pochette, proche de celle de « Tales from Topographic Oceans » de Yes, se cache une musique non moins magnifique, faussement calme : les vocaux sont toujours aussi mélancoliques, et les claviers beaucoup plus variés. Quant à Latimer, en état de grâce, il survole ce disque de ses soli de guitare stratosphériques (sans oublier la flûte qu’il maîtrise parfaitement). Les sept morceaux de « Moonmadness » sont à tomber par terre : après un « Aristillus » court et étrange, « Song Within a Song » impose tout de suite le son Camel et le solo de Moog central n’est pas sans rappeler Tony Banks. « Chord Changes » est un très bel instrumental centré sur la guitare (ahh, ce solo !). Arrive ensuite l’une des plus belles pièces de l’album, « Spirit of the Water », une miniature de deux minutes d’une tristesse insondable (dans la lignée d’un « Space-Dye Vest »). « Another Night » est plus pêchu, avec un superbe break instrumental tout en nuances, et “Air Borne” nous emmène très, très haut dans les nuages ! L’album se clôt sur l’une des grandes œuvres de Camel : « Lunar Sea », neuf minutes instrumentales, flirtant avec le jazz-rock, planant et puissant à la fois (et toujours ce son de gratte!…).

Après « Moonmadness », le line-up du groupe connaîtra de nombreux changements (seul Latimer restera aux commandes d’un bout à l’autre) et leur discographie alternera l’excellent (« Nude », « Harbour of Tears », « A Nod and a Wink ») et le dispensable (« The Single Factor »). Il est toutefois recommandé de se procurer le gigantesque « A Live Record », enregistré en public entre 1974 et 1977 et proposant 2h20 de musique, dont l’intégralité de « The Snow-Goose » avec le London Symphony Orchestra, ainsi que la compilation « Echoes », qui résume adroitement la carrière du groupe de 1977 à 1991 (il faut absolument avoir entendu « Ice », dix minutes de pure émotion).

Signalons également que les premiers albums ont été récemment remastérisés et agrémentés de bonus vraiment intéressants (ces remasters sont d’ailleurs dédiés à la mémoire de Peter Bardens, décédé au début de l’année 2002). Aux dernières nouvelles, Latimer a décidé d’arrêter la scène, mais prévoit toutefois de continuer l’expérience Camel en studio. A suivre.

Oui, Rajaz fait partie des excellents disques de Camel (en ont-ils fait des mauvais ?), tout comme le dernier en date, A Nod And A Wink !

La technique est secondaire chez Camel. L'émotion est privilégiée, par la voix mélancolique de Andrew Latimer, tout d'abord, et puis bien sûr par son jeu de guitare, si... évident ! Et tellement beau !

La santé de Latimer s'est gravement détériorée depuis quelques temps (il est atteint d'une forme de leucémie). Il y a peu, il a reçu une greffe de moëlle osseuse et, même s'il est trop tôt pour crier victoire, il semble retrouver un semblant de forme... Tiens bon, Andy !

Le site officiel de Camel est ici.

1978 - A Live Record (live)
1981 - Nude
1984 - Pressure Points (live)
1991 - Dust And Dreams
1993 - Never Let Go (live)
1996 - Harbour Of Tears
1998 - Coming Of Age (live)
1999 - Rajaz
2001 - The Paris Collection (live)
2002 - A Nod And A Wink.

J'ai ces dix albums de Camel, plus le DVD Coming Of Age. J'aime beaucoup le jeu de guitare d'Andy Latimer. La période que je préfère est celle des 90s.

Mais tu connais les premiers albums, n'est-ce pas ?

J'avoue qu'après A Live Record, je n'accroche plus trop, et ce jusqu'à Harbour Of Tears, dont j'aime l'ambiance. Disons que les disques des 80's (inc. Dust And Dreams, même s'il est de 1991) sonnent aujourd'hui assez datés (batterie triggées avec plein de réverb, synthés limite "Bontempi"...).

Les trois derniers albums studio sont superbes !

Ehn Deïss a écrit:

Mais tu connais les premiers albums, n'est-ce pas ?

J'avoue qu'après A Live Record, je n'accroche plus trop, et ce jusqu'à Harbour Of Tears, dont j'aime l'ambiance. Disons que les disques des 80's (inc. Dust And Dreams, même s'il est de 1991) sonnent aujourd'hui assez datés (batterie triggées avec plein de réverb, synthés limite "Bontempi"...).

Les trois derniers albums studio sont superbes !

Je suis aussi comme toi. Je préfères de loin la première période. Ensuite, en ce qui me concerne la magie n'opère plus. Mais en fait, je crois que Camel c'est surtout génial la première fois.

Echoes a écrit:

CAMEL Dust and dreams

Album-concept basé sur le livre de Steinbeck "Les raisins de la colère"
Je l'écoute en boucle ces jours-ci et il n'est pas loin de détrôner Meddle au sommet de mon panthéon !

J'ai ce disque... Découvert trop tard, sans doute ! Du coup, j'ai beaucoup de mal avec la production très 80's (réverb' sur la batterie triggée, synthés bof, bof)... Mais bon, j'adore le suivant, Harbour Of Tears, qui a pourtant les mêmes défauts !

Tiens, je vais le réécouter, du coup ! Hop :

Ehn Deïss a écrit:

Echoes a écrit:

CAMEL Dust and dreams

Album-concept basé sur le livre de Steinbeck "Les raisins de la colère"
Je l'écoute en boucle ces jours-ci et il n'est pas loin de détrôner Meddle au sommet de mon panthéon !

J'ai ce disque... Découvert trop tard, sans doute ! Du coup, j'ai beaucoup de mal avec la production très 80's (réverb' sur la batterie triggée, synthés bof, bof)... Mais bon, j'adore le suivant, Harbour Of Tears, qui a pourtant les mêmes défauts !

Tiens, je vais le réécouter, du coup ! Hop :

Est-ce que tu ne t'attaches pas exagérément à la production des albums ?
Je trouve que l'expression musicale du concept est parfaite.

Echoes a écrit:

Ehn Deïss a écrit:

Echoes a écrit:

CAMEL Dust and dreams

Album-concept basé sur le livre de Steinbeck "Les raisins de la colère"
Je l'écoute en boucle ces jours-ci et il n'est pas loin de détrôner Meddle au sommet de mon panthéon !

J'ai ce disque... Découvert trop tard, sans doute ! Du coup, j'ai beaucoup de mal avec la production très 80's (réverb' sur la batterie triggée, synthés bof, bof)... Mais bon, j'adore le suivant, Harbour Of Tears, qui a pourtant les mêmes défauts !

Tiens, je vais le réécouter, du coup ! Hop :

Est-ce que tu ne t'attaches pas exagérément à la production des albums ?
Je trouve que l'expression musicale du concept est parfaite.

Exagérément, je ne sais pas, mais j'y attache pas mal d'importance, c'est vrai... Et les batteries triggées, les synthés numériques des 80's, j'avoue que j'ai vraiment du mal... Surtout concernant des albums que je n'ai pas connus à l'époque, mais que j'ai découvert dix ans plus tard ! Il est certain que si Dust And Dreams avait sonné comme Moonmadness ou comme A Nod And A Wink, je l'aurais trouvé probablement fantastique. Car il est vraiment bon, c'est vrai (je viens de le réécouter avec un très grand plaisir) ! Mais par exemple, sur "Rose Of Sharon", c'est un peu tout much !

C'est trop parfait, trop léché, il n'y a rien qui dépasse... Une batterie un peu plus groovy aurait par exemple été bienvenue (ce n'est pas Andy Ward, quoi) et les synthés qui imitent les cordes des orchestres, je n'aime pas beaucoup...

Pour ma part, le meilleur de Camel se trouve dans les seventies et le départ de Doug Fergusion entérine le déclin du groupe...
Le renouveau de Camel dans les années 90 doit être mis en perspective des faibles productions du chameau des années 80.

A partir de Dust And Dreams, il faut quand même reconnaître que Latimer se montre à nouveau très inspiré, je trouve : Dust And Dreams, Harbour Of Tears, Rajaz et A Nod And A Wink sont superbes (même si, comme je le disais, je tique un peu à cause de la prod', les compos sont très, très belles) !

Ceci dit, pour moi, le grand Camel, c'est entre le premier album en 1973 jusqu'à Moonmadness en 1976 (sans oublier le génial A Live Record) !

Ehn Deïss a écrit:

A partir de Dust And Dreams, il faut quand même reconnaître que Latimer se montre à nouveau très inspiré, je trouve : Dust And Dreams, Harbour Of Tears, Rajaz et A Nod And A Wink sont superbes (même si, comme je le disais, je tique un peu à cause de la prod', les compos sont très, très belles) !

Ceci dit, pour moi, le grand Camel, c'est entre le premier album en 1973 jusqu'à Moonmadness en 1976 (sans oublier le génial A Live Record) !

+1 En gras mes favoris après la période que tu cites.

J'ai également beaucoup de mal avec les sons synthétiques. De la période la plus récente, il n'y a chez moi que Rajaz qui passe (et encore, il faut que je sois bien lunée).

La musique a beau être bonne, les sonorités ont aussi leur importance (pour caricaturer : la 5ème de Beethoven en midi, c'est pourri, même si c'est "la 5ème" )

Il faut quand même reconnaitre que Camel à l'instar de nombreux groupes prog des années 70 ont su maintenir leur identité. C'est assez rare pour le souligner, même si tout ne se vaut pas.

Verbena a écrit:

La musique a beau être bonne, les sonorités ont aussi leur importance

Et inversement...

Verbena a écrit:

(pour caricaturer : la 5ème de Beethoven en midi, c'est pourri, même si c'est "la 5ème" )

Elle me poursuit partout Quand c'est pas kistch, c'est midi...

Gnyarh gnyarh gnyarh !

A propos de "Dust and Dreams" c'est l'histoire des immigrants au 18ème siècle , (je ne sais plus exactement quel siécle) qui traversent une partie des Etats-Unis pour découvrir la Californie, où il ne fait jamais froid (il le chante à un moment donné : California it's never cold), leurs aventures, tout çà, ils en "chient" en fait !!
En considérant les paroles, çà donne encore plus de valeur émotionnelle à ce disque, bon faut un peu comprendre l'anglais qu'il y a dans le livret, mais c'est pas de l'anglais trop compliqué
Pour moi ce disque = stars

Yves a écrit:

A propos de "Dust and Dreams" c'est l'histoire des immigrants au 18ème siècle , (je ne sais plus exactement quel siécle) qui traversent une partie des Etats-Unis pour découvrir la Californie, où il ne fait jamais froid (il le chante à un moment donné : California it's never cold), leurs aventures, tout çà, ils en "chient" en fait !!
En considérant les paroles, çà donne encore plus de valeur émotionnelle à ce disque, bon faut un peu comprendre l'anglais qu'il y a dans le livret, mais c'est pas de l'anglais trop compliqué
Pour moi ce disque = stars

crise de .....1929

supersister a écrit:

Yves a écrit:

A propos de "Dust and Dreams" c'est l'histoire des immigrants au 18ème siècle , (je ne sais plus exactement quel siécle) qui traversent une partie des Etats-Unis pour découvrir la Californie, où il ne fait jamais froid (il le chante à un moment donné : California it's never cold), leurs aventures, tout çà, ils en "chient" en fait !!
En considérant les paroles, çà donne encore plus de valeur émotionnelle à ce disque, bon faut un peu comprendre l'anglais qu'il y a dans le livret, mais c'est pas de l'anglais trop compliqué
Pour moi ce disque = stars

crise de .....1929

Ah c'est la crise de 1929 ??? je me suis planté, mais bon je me souviens que les paroles étaient assez supers, elles me faisaient bien planer, çà fait bien 4 ans que je ne l'ai pas écouté , j'aurais dû réviser avant d'écrire,

Yves a écrit:

supersister a écrit:

Yves a écrit:

A propos de "Dust and Dreams" c'est l'histoire des immigrants au 18ème siècle , (je ne sais plus exactement quel siécle) qui traversent une partie des Etats-Unis pour découvrir la Californie, où il ne fait jamais froid (il le chante à un moment donné : California it's never cold), leurs aventures, tout çà, ils en "chient" en fait !!
En considérant les paroles, çà donne encore plus de valeur émotionnelle à ce disque, bon faut un peu comprendre l'anglais qu'il y a dans le livret, mais c'est pas de l'anglais trop compliqué
Pour moi ce disque = stars

crise de .....1929

Ah c'est la crise de 1929 ??? je me suis planté, mais bon je me souviens que les paroles étaient assez supers, elles me faisaient bien planer, çà fait bien 4 ans que je ne l'ai pas écouté , j'aurais dû réviser avant d'écrire,

L'album est basé sur le livre de Steinbeck "Les raisins de la colère"

De Camel, il me manque "I Can see Your House from Here", "The Single Factor" , "Nude" et "Rajaz". Je vais bientôt compléter ma collection mais il me semble que "The Single Factor" est très rare ...

Chris a écrit:

De Camel, il me manque "I Can see Your House from Here", "The Single Factor" , "Nude" et "Rajaz". Je vais bientôt compléter ma collection mais il me semble que "The Single Factor" est très rare ...

à 80euros sur Ebay

supersister a écrit:

Chris a écrit:

De Camel, il me manque "I Can see Your House from Here", "The Single Factor" , "Nude" et "Rajaz". Je vais bientôt compléter ma collection mais il me semble que "The Single Factor" est très rare ...

à 80euros sur Ebay

c'est clair que sur Ebay, il y a des vendeurs délirants qui jouent de la crédulité de certains acheteurs :
un vendeur professionnel allemand propose à 80euros chaque:
Abus Dangereux le 4ème mouvement alors qu'il est vendu en France 14euros
Paga gnosis alors qu'il se vend sur priceminister à 20euros
Un particulier italien propose le double live du Orme à 100 euros aux enchères!!!
un particulier américain propose aux enchères à 16 euros Dun eros alors que Soleil Zeuhl l'a ressorti....

A propos du thème de Dust, Les raisins de la colère, je vous conseille de regarder le film de John Ford. C'est un monument du cinéma.

Verbena a écrit:

(pour caricaturer : la 5ème de Beethoven en midi, c'est pourri, même si c'est "la 5ème" )

Même remarque pour le "Concerto pour Orchestre" de Belà Bartok...
Pour Camel, j'ai un grand coup de coeur pour un DVD live, mais il n'a même pas de titre, c'était une offre minimaliste (boîtier/pochette compris. Pas d'indication du concert, de dates, de lieu, rien, quedalle, z...bi, que nenni, rien vous dis-je) de la a'Rnac, mais il y a dedans une de ces versions de Sasquash... Mamaaaaan !!!! Quand je crise dessus, je me la passe en boucle 17 x 32 fois minimum. après je descend à l'audiorium où m'attend mon drumkit, et c'est reparti pour autant.