Art Bears

Art Bears Hopes and fears.
C'est un monstre, un truc à priori intimidant comme Pawn Hearts a pu l'être en son temps, trop astringent, trop rêche, trop sombre pour ne pas dire sinistre. Mais ce serait dommage de s'arrêter à ce cliché, d'autant qu'il est partiellement inexact. Il faut dire qu'il s'agit aussi d'un album d'Henry Cow (Lindsay Cooper y est très présente, Hodgkinson signe deux titres) : pour faire court, disons qu'il a été décidé qu'une partie du matériel composé, en particulier les titres chantés sortiraient sous le nom d'Art Bears, alors que les morceaux instrumentaux de Cooper et Hodgkinson deviendraient l'album Western Culture de Henry Cow. Beaucoup de chansons, donc, dans ce Hopes and fears portées par la voix unique de Dagmar Krause (On Suicide, The Pirate song), une ambiance qui évoque souvent "The Hapless Child" de Michael Mantler et Edward Gorey (Joan, qui évoque Jeanne d'Arc "Was I a witch ? In the dark days I heard voices, et surout In two minds), mais aussi des instrumentaux comme ce Moeris Dancing avec sa couleur de folklore slave qui préfigure le travail de Fred Frith dans Cosa Brava. Le plus long titre, In two minds, comporte une section instrumentale assez époustouflante avec une basse fuzz fièvreuse de Georgie Born et un Chris Cutler qui se prend plus que jamais pour Keith Moon. Je vous le mets en lien, tiens...

Merci, Peter ! J'adore Art Bears, qui est effectivement la suite logique de Henry Cow. Par contre, je n'aurais jamais fait le parallèle entre Chris Cutler et Keith Moon... Mais maintenant que tu le dis... Oui !

Autre groupe que j'adore, dans la même lignée : News From Babel (avec apparition de Robert Wyatt).

Et tout ça existe (existait ?) en jolies éditions disponible chez ReR, le label de Cutler.

Ehn Deïss a écrit:

je n'aurais jamais fait le parallèle entre Chris Cutler et Keith Moon...

Cutler est aussi spectaculaire à voir qu'à entendre jouer. La ref à Keith Moon, c'est lui qui l'a faite. Extrait de la page wiki de Hopes and fears :
" When Cutler was asked in an interview in 2004 whether the song was a "homage" to the Who, he replied, "It would be hard to deny the connection. It is so obviously a reference. I was certainly directly influenced in my youth by The Who – and in particular by Keith Moon." On notera que homage ne prend effectivement qu'un m en anglais ...
Je connais News from Babel, qu'il faudra que je réécoute. Dans mon souvenir, c'est un peu plus ardu que cet album, de même que le Art Bears suivant, Winter songs. Hopes and fears est mon album préféré, complètement dans le prolongement de In Praise of learning. Par contre, on est parti désormais très loin de Slapp Happy et de son "Douanier Rousseau sound". Ce qui n'est pas sans me donner un forte envie de réécouter cet autre diamant brut méconnu :