King's X

Quoi ? Pas de topic sur ce groupe ?

Alors la voilà l'histoire de ces 3 mecs. Trois texans qui savent groover comme personne. Un son immédiatement identifiable et des harmonies vocales bien chiadées. On est avant tout dans le rock, le heavy, le hard-rock, voire le metal plus brut (vous n’entendrez cependant jamais de growl). Mais on peut aussi y entendre du grunge, de la pop, du funk, du blues. Parfois même des accents prog' s'invitent (si, si !) Le tout presque toujours saupoudré de soul et de gospel.




Doug Pinnick, géant métisse fruit d'une mère cherokee et d'un père afro-américain mettra ses grands bras très tôt au service de la basse. Il chante aussi. Trainé dès son plus jeune âge à la messe par ses parents, sa voix suinte le blues et le gospel). C'est le plus vieux du trio (66 ans depuis peu). Il s'aventurera dès les années 70 dans des projets blues, rock et même progressif dans un style très proche de  E.L.P. Après d'autres projets restés assez confidentiels, il fait la rencontre de Jerry Gaskill en intégrant la formation d'un certain Phil Keaggy en 1979

Jerry Gaskill aura 59 ans en décembre prochain. A l'âge de 4 ans son père lui offre une caisse claire. Bim !  Ce sera batterie ou rien. Il alterne dans sa prime jeunesse les petits groupes et cachetonne aussi souvent pour les diners de mariage. Il vivotera ainsi jusqu'à sa rencontre avec Doug Pinnick au sein du Phil Keaggy's band donc.

En 1980, Doug Pinnick est très impressionné par un guitariste lors d'un concert dans un lycée de SpringField. Il va donc à la rencontre de ce mec, Ty Tabor. A bientôt 55 ans, c'est le cadet de King's X. Très jeune il joue de la guitare et donne de la voix dans le groupe de Bluegrass qu'il forme avec son père et son frère. Il garde cependant toujours une oreille sur des musiques qu'il adore : Beatles, Alice Cooper, Rush, Queen, Kisss... Ado, il jouera lui aussi comme les deux autres dans des groupes de rock à la notoriété réduite. Doug Pinnick le ramènera dans le Phil Keaggy's band. Les 3 futurs King's X étaient alors réunis.
Leur premier projet se nomme The Edge. Il se compose des 3 gus plus un guitariste rythmique qui jettera rapidement l’éponge. Il sera remplacé par un pote de Tybor qui ne restera pas non plus. Ils décident alors de conserver la formule du trio et de changer de nom au passage. Ils deviennent Snake Preview. Ils écrivent alors leurs propres morceaux et auto-produisent un disque éponyme en 1983. A la faveur d’une tournée en 1985, ils rencontrent Sam Taylor, producteur de son état. Il est très intéressé par le trio. Il le prend sous son aile et convainc le groupe de prendre le nom de King’s X. L’emprise de Sam Taylor est déjà là.


L’ère Sam Taylor



Out of The Silent Planet (1988)


Le premier album de King’s X sort en 1988. Il s’agit de Out of the Silent Planet. Bien que très estampillé année 80, tous les ingrédients sont déjà là. Guitares plombées mais souvent cristallines, envolées oniriques, harmonies vocales aux petits oignons et le groooove ! Dès le début, le chant lead est partagé entre Pinnick et Tabor. Mais Gaskill est loin de faire de la figuration dans les chœurs. Encensé par la critique (il sera album de l’année pour Kerrang!) les ventes ne seront pourtant pas à la hauteur. Et ce sera là tout le drame de la carrière du groupe…




A noter que Sam Taylor oblige Doug Pinnick à jouer sur une basse à 12 cordes (4 triples). Taylor trouve que c’est mieux pour le gros son. Pinnick ne le nie point, mais il éprouve beaucoup de mal à maitriser l’instrument.







Gretchen Goes to Nebraska (1989)

Le deuxième album est un coup de maitre. Le style est beaucoup plus affirmé, la prod’ libérée des ses gros accents 80’s bien que nous soyons encore en 1989. Gretchen  Goes to Nebraska est un album hors du temps, presque mystique (on les estampillera longtemps groupe de rock chrétien, ce qu’ils ont toujours réfuté). C’est rock, heavy, soul (Over my Head, Everybody Knows a Little Bit of Something), prog’ (Pleiades, The Burning Down). On y trouve  aussi  une  magnifique ballade : The Difference (in the Garden of St. Anne's-on-the-Hill). Je pourrais vous mettre tous les liens Youtube des morceaux tant il n’y a vraiment rien à jeter sur cet album. Et c’est l’album par lequel j’ai découvert le groupe, il revêt donc d’une grande importance pour moi.






Faith, Hope, Love (1990)

Le titre de l’album annonce la couleur. Dieu sera encore au centre des sujets. L’album sera produit par Sam Taylor ET King’s X dont les membres commencent  à être fatigué de l’emprise que peut avoir Taylor sur eux. Malgré ces tensions, le groupe parvient à sortir un album au moins aussi bon que le précédent. Les chœurs et harmonies vocales sont omniprésents. Le hard-rock gospel est encore à l’honneur (We are Finding who we are, I can’t Help it, We were born to be loved). Un chapelet de chansons mid-tempo parsème l’album avec grâce et beauté (I’ll never get tired of you, Everywhere i go…). L’ensemble est frais, punchy, divin. Le morceau titre, Faith-Hope-Love résume à lui seul de quoi le groupe est capable et l’étendue de ses influences. Le morceau qui ferme l’album (Legal Kill) est juste merveilleux de guitares acoustiques, violoncelle, ocarina… Un must comme le précédent, donc. Il sera dur de faire mieux…







King's X  1992

Le 4ème album sobrement intitulé King’s X sort en 1992. Il est produit par Sam Taylor seul. Mais ce sera la dernière fois  puisque le divorce entre lui et le groupe sera prononcé peu de temps après la sortie de l’album. Mais Taylor co-signe tous les titres et ça se sent.  La musique du groupe devient  plus « précieuse » sur cet album au détriment du groove et de la spontanéité. C’est sur-produit, hyper-soigné et ça manque cruellement d’âme. Pourtant cet album est loin d’être mauvais. Si 2 ou 3 morceaux ne sont vraiment pas dignes du groupe, on y trouve de magnifiques compositions. The world around me qui ouvre l’album assène un des riffs à la fois le plus sombre et groovy que Tabor n’ait jamais pondu. The Big Picture offre des harmonies vocales de haute volée. L’oriental  Not Just for the Dead nous caresse de son sitar éthéré et de ses percussions indoues. Les autres morceaux se tiennent mais font dans le minimum syndical. Malgré tout, cet album reste très agréable à écouter. Personnellement, je l’apprécie beaucoup. Mais c’était sans doute déjà le début de la fin. Avaient-ils tout donné sur les 3 premiers albums ? A noter que Doug Pinnick profitera de la rupture avec Taylor pour reprendre une basse à 4 cordes conventionnelle. Après la tournée promotionnelle de l’album, les gars se posent même la question de savoir s’ils doivent continuer tant ils peinent à vivre de leur musique. Pendant un an, chacun va vaquer à ses occupations (Tabor entamera même une carrière semi-pro dans le motocross).







Dogman 1994

Pourtant, ils sont de retour en 1994. Désireux de montrer qu’ils ont toujours la niaque et de faire oublier leur précédent album trop sucré, ils profitent de la mouvance grunge pour se faire produire par Brendan O’Brien (Stone Temple Pilots, Pearl Jam…). Tout doit être rude, jusqu’à cette pochette épurée à tête de chien. Ce disque est metal, grunge, puissant, noir, mélancolique et surtout parfait. Fini l’onirisme de Gretchen… et Faith… Ici c’est du brut. Si les harmonies vocales sont toujours bien présentes, le son est lourd, la basse énorme, les morceaux plus « rentre-dedans ». On ressent le malaise délibéré sur Dogman (le morceau), Human Behaviour ou encore Black th Sky. Mais ils parviennent aussi à nous tirer des larmes comme jamais avec Flies and blue Sky (comment réussir à tenir un tempo aussi lent ?) et Cigarettes, entre autres. Et puis il y a l’inclassable Fool You, à tomber. Cet album signe une renaissance, enfin on a envie d’y croire. Cet album est un cube de plomb dans un écrin ouaté. Ils ont laissé Dieu de coté et pourtant ils ont réalisé un miracle ! Rien à jeter non plus dans cet album.







Ear Candy (Oui, la pochette fait mal aux yeux)

Dans son genre, Ear Candy va décontenancer plus d’un fan. Très agréablement surpris par l’album tempête  précédent (le fan), celui-ci va conspuer Ear Candy lui reprochant de revenir à des choses trop sucrées, à des mélodies ensoleillées, à une chorale digne des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Pourtant, on assiste là à un subtil retour de Gretchen Goes to Nebraska noyé dans l’énergie de l’album précédent. Certes, le Bon Dieu est de retour mais le son est toujours cru et brut. Sauf qu’on est plus dans la tristesse de Dogman. Là, on court tout nu dans les chants de coquelicots. On va donc passer du plus direct (Looking For Love, Sometimes) à du bucolique (Thinking and Wondering). Le psyché est aussi présent  (The Train) et on nage carrément en pleine fumette dans le planant Life Going By.  Bref, un album fourre-tout qui reste très bon dans l’ensemble.





 (1998) / (2000) / (2001)


Je traite ces 3 albums en même temps. C’est ce que j’appelle la triplette infernale. Les gars sont perdus, c’est terrible ! Pourtant ça commençait bien avec Groove Machine qui ouvre Tapehead, un titre qui semble directement issu de Dogman. Mais le reste est bien obscur et difficile d’accès. C’est lourd, mais comment dire… Tragique. On a l’impression qu’ils sont au bord du suicide collectif. Pourtant, on y trouve quelques merveilles  (Little Bit of Soul, Mr. Evil) mais on a l’impression que quelque chose est cassé…





Quand ils se retrouvent en studio en 2000 pour Please Come Home… Mr. Bulbous, ils n’ont aucune compos. Ils fabriquent l’album en 6 semaines dans le studio. En résulte un truc très expérimental qui ne sied pas trop au groupe je trouve. On retrouve ça et là le grunge, les Beatles (comme toujours), du feeling mais c’est décousu, on ne peut se raccrocher à rien. C’est parfois garage dans la saturation, les harmonies sont torturées, c’est souvent glauque. Comme le précédent, c’est la dépression qui guette…





En 2001 se présente Manic Moonlight. Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ! Il y a des boucles électroniques  partout. Tout se joue sur les effets. Effet de production, de structures, de compositions. Au détriment de la musique elle-même… Sans doute l’album le plus funky mais c’est peu profond. On a l’impression d’une blague. Perdus de perdus les gars…







Black like Sunday (2003)

J’avoue qu’après ces 3 albums j’avais un peu perdu la foi. Mais ils trouvent une idée qu’elle est bonne : Ressortir des tiroirs des vieilles compos jamais enregistrées (toutes périodes confondues). Ce disque aurait  parfaitement pu être la suite de Faith-Hope-Love. Une collection de chansons puissantes, délicates, sombres parfois mais lumineuses le plus souvent. Un album qui rappelle ô combien leur  sens mélodique est immense. Du rock, de la soul, de la pop, du grunge. Tout est là. Même un peu de punk (Save us). Pas le meilleur album de King’s X, non, mais le meilleur depuis longtemps ! Mais aller chercher de vieilles compos n’est-il pas comme avancer dans un cul-de-sac ?







Ogre Tones (2005)

Et bien non, point de cul-de-sac. On assiste ici a un retour plus classique du son de King’s X. Un album rassurant donc. Ca démarre fort avec un Alone bien couillu. Idem pour Stay. Deux bombes galvanisées d’harmonies vocales bien senties. Tous les morceaux accrochent facilement. On sent les membres bien détendu du gland, heureux comme un Kenji Girac à la biennale de la caravane. Tout passe bien, même les tempos lents. Ca va à l’essentiel. Du King’s X en mode croisière mais efficace. On veut alors croire à un retour gagnant.







XV (2008)

Ca ressemble à son prédécesseur. Ca passe tout de suite bien, c’est immédiat. Mais je regrette un peu les folies de Gretchen… C’est musclé, toujours (Go tell Somebody, Move) mais il y a aussi de belles ballades convaincantes (I just Want to leave). Fulgurance mélodique et puissance émotionnelle font ici bon ménage. Cet album est presque un résumé de carrière, un état des lieux sans nostalgie. Mais il s’agit d’un bon album, vraiment. On sent pourtant qu’une suite n’est pas vraiment prévue.





Et elle n’est d’autant pas prévue que le batteur Jerry Gaskill fait une crise cardiaque au début de l’année 2012. Et pour dire que les mecs ne sont pas blindés de fric, ils font paraitre un live, Burning Down Boston disponible uniquement en téléchargement pour régler les frais médicaux de Jerry. Et pas de bol pour ce dernier, il refait un accident cardiaque en septembre 2014. Pourtant, ils donnent régulièrement des concerts, mais très localement dans l’état du Texas et les états voisins. Ils ne sont venus que très rarement en Europe et encore plus rarement en France. Je ne les ai jamais vu jouer en live.

A ne pas manquer le superbe live Live All Over The Place(2004). Et le DVD/Blu ray Live Love in London (2010).

Tous les membres ont sorti des albums solo ou participé à des projets parallèles.
Ty Tabor s’est fendu de 4 albums solo tous très écoutables. Il participe aussi aux Formation The Jelly Jam et Platypus (dont fait aussi partie John Myung de Dream Theater).
Jerry Gaskill a sorti 2 albums solo. Il a participé à de multiples projets. Il joue notamment sur un des albums solo de Ty. C’est lui aussi qui tient la batterie sur l’album Let it Go des Galactic Cowboys.
Doug Pinnick a donné naissance à 4 albums solo. Il est aussi un des membres principal du groupe Poundhound. Et il multiplie les apparitions dans une multitude d’albums d’artistes comme Dream Theater, Pearl Jam, Carmine Appice, Steve Stevens…

En juin 2015, Doug Pinnick laissait entrevoir la sortie d’un album de King's X pour bientôt. J’attends toujours… Faith, Hope, Love.

C'est un peu long non ?

Spoiler:

Je donnerai mon avis dans 18 mois.

Grass Matt a écrit:

Je donnerai mon avis dans 18 mois.

Ca valait le coup d'attendre !

Bravo et merci pour l'effort
J'avais jeté une oreille distraire l'y a quelques temps, mais retenterai l'expérience à la lumière de ta présentation

Angrom a écrit:

Ca valait le coup d'attendre !

Khyber a écrit:

Bravo et merci pour l'effort
J'avais jeté une oreille distraire l'y a quelques temps, mais retenterai l'expérience à la lumière de ta présentation

Une petite anecdote : Pendant longtemps (en fait jusqu'à ce que j'ai enfin internet en 2006 et le Youtube qui va avec) j'ai cru que le nom du groupe se prononçait King's cross. Mais non, c'est bien King's ixe.  

King's aixe plutot non ?

Oui, aixe.

aïe spique goude ingliche c'est pour ça

Aleluia ! Aleluia ! Il l'a fait !!

Kyuss a écrit:

Aleluia ! Aleluia ! Il l'a fait !!

Oui, et pas qu'à moitié !

Bah, ça fait seulement 4 années que t'es dessus !
C'est quoi le prochain ?
Faut qu'on se prépare !

Tu rigoles, j'avais rien d'écrit ! J'ai torché ça sur 2 jours.

C'est bien ce que je pensais, c'est pire !

Waouuuuu super boulot

Billx a écrit:

Tu rigoles, j'avais rien d'écrit ! J'ai torché ça sur 2 jours.

maintenant qu'on sait que tu peux faire ça bien on va t'en réclamer d'autres

Ce topic risque d'être aussi maudit que le groupe. Tout le monde va dire que c'est génial mais personne va écouter

Oui, j'en ai bien peur !

Je commence à écouter les extraits que tu as mis !

Si ça me plait, ceci, https://www.amazon.fr/Original-Album-KingS-X/dp/B00DDVPXV4/ref=cm_cr_arp_d_pdt_img_top?ie=UTF8 , est le coffret idéal pour pas cher ?
Sais-tu si les albums sont remasterisés par Rhino, sur le coffret ou sur certains disques ?

Oui il a l'air bien ce coffret. Je lorgne dessus aussi.
Si on en croit dr.loudness war ça semble non remasterise (ou en tout cas sans compression additionnelle)

A ma connaissance ce n'est pas remasterisé. Mais vous avez là 5 excellents albums (les meilleurs en fait) pour vraiment pas cher.