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 Opus Akoben

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MessageSujet: Opus Akoben   Opus Akoben Icon_minitimeSam 16 Juin - 10:17

Opus Akoben a été pour moi un des plus grands groupes de rap/soul et il est fort méconnu, pourtant leur meilleur album fut enregistré sur Label Bleu et les rappeurs des Metrics de Steve Coleman, c'était eux!

Opus Akoben Opus-Akoben_header

"Cela fait bientôt dix ans qu'Opus Akoben tente de propager au plus grand nombre sa vision du hip-hop. Dix ans pour seulement deux enregistrements, bien maigre diront certains lorsque l'on veut prêcher le bonne parole. Mais, loin des considérations mercantiles traditionnelles, il semble que le trio originel du groupe : Carl Walker (Kokayi), Terence Nicholson (Sub-Z) et Joshua Culbreath (Black Indian), se soit plutôt laissé guider à l'instinct et aux coups de cœurs artistiques. C'est ainsi que les trois MCs se sont aguéris sur scène au sein des Metrics du Maître Steve Coleman dès 1994, au point de participer à plusieurs de ses albums (dont le EP "A tale of 3 cities" et le fameux "Live au Hot Brass" à Paris). Tous les projets auxquels Coleman a convié les trois MCs (Kokayi et Sub-Z dans un premier temps) se veulent avant tout expérimentaux et en dehors de collaborations épisodiques et 'tendances' entre jazz et hip-hop. Ces projets internationaux permettront dès lors au trio de s'enrichir musicalement en cotoyant les meilleurs jazzmen, et en étant confrontés à toutes sortes de formules rythmiques.

Cependant, leur volonté de faire avancer positivement le hip-hop ne se limite pas uniquement à la musique. Ils ont ainsi pris part à plusieurs ateliers pour endosser le rôle de missionnaires et répandre la sainte parole du hip-hop à travers les USA, Cuba et l'Europe. Au cours de ces pèlerinages perpétuels (le hip-hop est là où l'on veut qu'il soit), ils se sont frottés à diverses formes d'expressions musicales telles que le beat-boxing (Kokayi) ou encore le freestyle, discipline dans laquelle Black Indian (déjà auteur d'un superbe album solo "Get'Em Psyched" en 2000) et Sub-Z surclassent la majorité des New-Yorkais les plus enragés.

Originaire tous trois de la ville de Washington, Opus Akoben fait partie d'une organisation dédiée à la préservation de la culture hip-hop et à "l'élévation de la rime" dans laquelle on "bannit toute forme d'agression physique ou verbale" : le Freestyle Union, fondé en 1994. La volonté de toujours surprendre et de se surpasser sonne alors comme un véritable leitmotiv pour le groupe. Néanmoins, c'est bel et bien en 1997 que le grand public découvre le trio sous le nom d'Opus Akoben, avec leur premier album "Art of war". Avec un titre pareil, inutile de souligner que leur hip-hop est avant tout une arme. Une arme pacifique cependant. Aucun aspect violent ne saurait transparaître dans leurs textes, pas plus que dans leurs mélodies d'ailleurs : le message se veut avant tout positif. Simplement, leur musique est l'unique arme dont ils disposent et elle leur sert à exprimer des prises de positions radicales pour lutter contre les stéréotypes de toutes sortes. Notez également qu'en ghanéen le terme 'akoben' désigne un cor de guerre, ajoutez-y le terme 'opus', mélangez le tout… et vous obtenez l'arme musicale parfaite…

Ce bref historique en guise de préambule peut paraître superflu à certains pour une 'simple' chronique d'album, mais cela semble être un élément prépondérant pour une compréhension plus juste de la musique d'Opus Akoben. Afin de saisir la richesse musicale et le 'combat' du trio, il apparaît nécessaire d'avoir quelques prérequis. Le fait, par exemple, qu'ils aient choisi de réaliser "Raw life" sur un jeune label de jazz français (Label bleu) et de l'enregistrer à Amiens sous la direction du saxophoniste jazz Philippe Teissier n'est pas chose courante en hip-hop (et aux USA qui plus est), et peut en partie expliquer la démarche artistique et le dessein du groupe.

Cet album ne s'apparente donc en rien aux productions hip-hop traditionnelles. Et même si certains trouveront le raccourci facile, pas même à The Roots. Car bien plus que d'être un groupe à musiciens, Opus Akoben est un mutant issu d'un mélange de l'ensemble de la black music : jazz-blues-soul-funk-rap qui ne souffre d'aucune comparaison. Le fait que le trio ait eu recours à des musiciens d'expérience (Ezra Greer, Federico Gonzalez Peña, Stan Cooper, Jay Nichols…) montre d'ailleurs qu'il fonctionne plus au feeling et à la spontanéité qu'à une quelconque demande. A partir de là, les sources d'inspirations ne sauraient se restreindre à un seul genre et encore moins se conformer à un style unique ; aucune barrière et limite ne semblent être fixées dans leur création…

Au gré des quinze titres de "Raw Life", quinze ambiances viennent nous interpeller et nous proposer une autre vision du hip-hop. Une vision moins rigide et plus spontanée. Mais il n'est nullement question de tirer un trait sur le passé, chaque titre est une célébration des différentes facettes de la musique pour laquelle Opus Akoben a choisi de lutter. C'est ainsi qu'il est possible d'entendre du pur son old school comme sur 'Pace to Place', mais toujours agrémenté d'une touche personnelle. Dans le cas présent : à l'aide de la flûte traversière de Magic Malik. Car c'est bien là toute la réussite de l'album : contribuer à sa façon à faire évoluer une musique en s'appuyant sur ce qui a été fait par le passé. Et les trois MCs naviguent entre chaque style avec une aisance outrancière. Cela va des compositions les plus hip-hop avec des samples et des flows appuyés ('Crush'), à des refrains entraînants sur des scratches de DJ AyCE International comme sur 'Hidden Dragon', en passant par des passages soul dans le très évocateur 'Sentimental thing'.

Les tracks sont la plupart du temps parfaitement enchaînés malgré leur grande diversité, les musiciens laissant souvent une dizaine de mesures instrumentales pour faire redescendre la pression et amener en douceur le morceau suivant. C'est le cas de 'Babies', placé entre deux morceaux très soul et comprenant des riffs de guitares on ne peu plus funky. Sub-Z réalise quant à lui une véritable prouesse sur le morceau qui suit et un des meilleurs moments de l'album : 'EPO', chanson envoûtante au refrain ravageur. La chanson la plus jazzy est sans nul doute 'Open your eyes' sur laquelle le trio nous prouve qu'il peut se servir de ses trois voix comme d'un instrument à part entière en les modulants et les adaptants suivant la rythmique proposée. Impressionnant. Les refrains chantés savent aussi s'associer aux flows si différents des trois MCs sur une des autres grandes réussites de "Raw life" : 'Forgive Me', que l'on peut qualifier à raison de 'tube' de l'album. Un morceau 100% instrumental, 'Metro : Paris', vient clore ce vaste et impressionnant panel de sons avec des atmosphères deep et des breakbeats jungle. Celui-ci est d'ailleurs entièrement écrit, produit, arrangé et mixé par Sub-Z. Chaque composante du groupe s'étant en effet vu accorder le droit de produire intégralement un voire plusieurs morceaux. Cette totale liberté d'expression musicale n'est évidement pas innocente : elle est la résultante d'années de travail quotidien à côtés de jazzmen expérimentés, où les mots improvisation, spontanéité et rigueur règnent en maîtres.

Les trois vocalistes du groupe redonnent sur cet album ses lettres de noblesses à un terme trop souvent galvaudé et utilisé à tord ou à raison : MC. En effet, au cours de "Raw Life" les flows sont déformés à outrance et aucun couplet ne s'apparente à un autre : les voix se modulent au gré des instrumentaux… se font discrètes sur quelques notes de claviers… s'accélèrent quand apparaissent scratches et ligne de basses plus lourdes ('Ronin')… ou encore se saccadent sur certaines descentes de tomes. Une véritable démonstration.

Malgré la grande diversité des titres, aucune faute de goût n'est présente, les mélodies surprennent à chaque fois et il est nécessaire d'effectuer plusieurs écoutes afin d'apprécier pleinement certains morceaux, tant les compositions s'avèrent riches et complexes. "Raw Life" est un véritable hymne au Hip-Hop, et c'est aussi un moyen pour Opus Akoben de proposer une alternative à l'inexorable dévoiement auquel est contraint cette musique depuis quelques années. En d'autres termes, si vous ne vous reconnaissez pas sous le drapeau de la 'paix urbaine', désertez pour allez combattre aux côtés d'Opus Akoben…"



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MessageSujet: Re: Opus Akoben   Opus Akoben Icon_minitimeMer 11 Juil - 23:11

Excellent!!
Je vais approfondir! Very Happy
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MessageSujet: Re: Opus Akoben   Opus Akoben Icon_minitimeJeu 12 Juil - 0:31

cheers
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MessageSujet: Re: Opus Akoben   Opus Akoben Icon_minitime

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