Nine Inch Nails -
The Downward SpiralCe disque fait partie de mon top 10 tous styles confondus. Ca, c'est dit !
A sa sortie en 1994,
The Downward Spiral a fait grand bruit. Certes, les sonorités indus avaient déjà contaminé le metal (Ministry par exemple), mais là, NIN frappait très fort !
Le mythe, d'abord : Trent Reznor, homme-orchestre/homme-machine venait de racheter la résidence de Roman Polanski, celle-là même où furent perpétrés les meurtres de son épouse et de ses invités par Charles Manson et ses amis barjots... Je suppose que Reznor était à la recherche de "good vibrations" !
Le visuel, ensuite : des natures mortes très glauques, rappelant un peu certains travaux de Dave McKean... De la terre, des ailes d'oiseaux plus ou moins décomposées, des pièces d'étoffes déchirées...
Et la musique enfin ! Difficilement descriptible... Une sorte de Depeche Mode "version Tchernobyl", des sonorités synthétiques très agressives, des rythmes biomécaniques (lives ou programmées), des timbres dénaturés, volontairement salis, lo-fi même ! Et pourtant, au-delà du malaise (réel), que d'émotion ! Que de désespoir, aussi... Les textes de Trent Reznor sont terrifiants, et parfaitement mis en valeur, que ce soit dans les tueries punks, les longs titres rampants (qu'on croirait sortis du
Low de David Bowie), ou bien dans les ballades synthétiques ou "acoustiques"; d'ailleurs, l'un des sommets de l'album n'est-il pas ce "Hurt" (magnifiquement repris par Johnny Cash) ? Un titre murmuré, tout en retenue, mais contaminé (il n'y a pas d'autres termes) par des bruits parasites (souffle, craquements)... Beau à en pleurer, en tout cas !
Dix ans plus tard,
The Downward Spiral est réédité en SACD agrémenté d'un disque bonus (composé de demos, de remixes et de faces B de singles en stéréo high-rez). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le temps n'a eu aucune prise sur ce chef-d'oeuvre ! Le nouveau mix 5.1 l'a rendu plus éprouvant, en fait. Le travail effectué est brillant, d'une très grande intelligence : les petits bruits désagréables arrivent désormais de partout, et l'utilisation parfois exagérée du surround donne l'impression à l'auditeur d'être parfois enterré vivant, ou bien découpé à la scie circulaire (très agréable, vous vous en doutez). Les basses synthétiques sont encore plus profondes qu'auparavant, les percussions très bien spacialisées (dans un style différent, ça me rappelle le travail effectué récemment sur le
Invisible Touch de Genesis), et plus généralement, la musique est encore plus tendue, haletante que sur l'ancienne version. Bref, une réussite totale !
The Downward Spiral est une expérience assez traumatisante, et pourtant... c'est beau ! Vraiment beau... Je crois que les amateurs de David Lynch peuvent me comprendre !