Paradise Lost - Icon 30th anniversary
Donc, mon retour sur cette nouvelle mouture d'
Icon.
Le contexte : Paradise Lost n'a jamais eu les droits sur Icon. C'est sa maison de disques de l'époque qui les possède. Pour fêter les 30 ans de la sortie de ce que je considère comme la pierre angulaire de leur discographie, le groupe décide donc tout simplement de le réenregistrer. Exercice périlleux, d'autres s'y sont risqués, avec des résultats plus ou moins réussis.
Les anglais ont pris le parti de respecter l'oeuvre originale tout en apportant des petites variations. Les orchestrations d'intro sur certains titres (Dying Freedom par exemple), ont été refaites avec des sons plus proches de vrais instruments (voire avec de vrais instruments à cordes). "Colossal Rains" sonne plus doom que jamais par le fait que le titre a été épuré de certains samples qui figuraient sur l'original. "Christendom" prend une toute autre dimension, et ce titre que je finissais par zapper au bout d'un moment reprend ses lettres de noblesse.
La batterie. Les parties de Matthew Archer sont dans la grande majorité respectées à la lettre. Pas de roulements de toms supplémentaires, ni de blasts ajoutés à la dernière minute. On notera juste que la frappe est plus lourde de la part du nouveau batteur, qu'on attend impatiemment sur du matériel neuf pour le coup.
Le chant ensuite. Holmes reprend la tessiture vocale de l'album initial (ce chant très Hetfieldien dans l'âme), mais avec le voile de ses 52 ans, et des parties légèrement plus agressives. On notera aussi des backing plus intelligibles sur des titres comme "Joys of the emptiness" ou "Colossal Rains".
La prestation du sieur Mackintosh. Eh bien ses solos sont toujours aussi magiques. Il les a à peine retouché, joués avec toujours autant de virtuosité. Des petites touches discrètes par ci, un larsen plus prononcé par là, mais toujours dans l'esprit initial de l'album.
Il se permet quelques backing growlés discrets sur quelques titres, mais on sait que c'est lui quand ça arrive.
Le père Aedy est égal à lui même. Pour le coup, la guitare rythmique est métronomique par rapport à l'original, y compris dans le son. Pas de folies. C'est la charpente de tout le disque. On sent que tout a été "reconstruit" autour du sosie de Jésus Christ à l'époque (
). Il est donc le garant de l'esprit de Icon.
Stephen Edmonson. Le grand gagnant de ce réenregistrement. Ses parties de basse sont parfaitement intelligibles et donnent une profondeur au son de l'album, sans dénaturer l'aspect froid et brumeux de l'original. L'orage qui gronde sur chaque titre dans le fond c'est lui.
L'exercice du réenregistrement était casse-gueule. Pourtant Paradise Lost évite l'écueil de la prestation anecdotique. Cette version 2023 ne remplace pas la version 1993. Elle en est son complément, sa version actuelle 2.0, tout a fait respectueuse dans l'esprit et la forme. Le boulot a été fait avec amour, et pour l'œuvre, et pour les fans. Oui, même si la motivation initiale est probablement très bassement mercantile (récupérer ses droits sur son oeuvre on sait ce que ça sous entend), le groupe a fait les choses sérieusement, et respectueusement. La magie de l'original est toujours là sur cette nouvelle version. Et rien que ça c'est fort.
Un cas rare ou deux versions d'albums peuvent parfaitement coexister, sans que l'une soit moins indispensable que l'autre.
Reste plus qu'à ré-enregistrer "Sweetness" dans le même esprit et là ce sera l'extase