Le rock progressif italien

A la demande de Steph, j'inaugure la rubrique sur le rock progressif italien, comme ça tous les essentiels et les nouveautés seront regroupés ici.

"Dès le début des années 70, l'Italie fut sans doute le pays du vieux continent à s'enthousiasmer le plus pour la musique progressive britannique, Van Der Graaf Generator caracolant en tête du hit-parade transalpin en 1971 avec "Pawn Hearts", Genesis y connaissant la même année un succès commercial que lui refusait toujours à l'époque la Perfide Albion. Logiquement, de nombreux groupes allaient s'engouffrer dans un courant symphonique où pouvaient s'exprimer à loisir, et avec les accents de la modernité, leurs penchants lyriques et romantiques de toujours. " Frédéric DELAGE

Je vais suivre à peu près le top 20 d'un site italien que je conseille à toute personne voulant découvrir ce genre musical et approfondir ses connaissances (italianprog).

Je renvoie également vers deux discussions du forum :
BANCO DEL MUTUO SOCCORSO
https://zoreilles.forumdediscussions.com/t173-banco-del-mutuo-soccorso?highlight=banco
AREA
https://zoreilles.forumdediscussions.com/t49-area?highlight=area

Premiata Forneria Marconi - Storia Di Un Minuto (1972)



Une musique accessible malgré des arrangements riches et une palette instrumentale large (violon, flûte, Mellotron, piano, Moog, guitares classiques et électriques). On y retrouve leurs influences, King Crimson et Jethro Tull en tête. Je conseille également l'album suivant "Per Un Amico" !


Banco Del Mutuo Soccorso - s/t (1972)



Formé en 1969 par les frères Nocenzi, tous deux claviéristes de talent, Banco a aussi en son sein un chanteur d'exception en la personne de Francesco Di Giacomo, une sorte de Christian Descamps transalpin de par l'allure et la présence vocale indéniable.
Le disque s'ouvre sur une intro qui mélange ambiance S.F. et thème médiéval. La suite "RIP" affiche l'ambition lyrique du groupe. Ce morceau relate les épisodes d'une bataille à travers les yeux d'un soldat qui finit poignardé. Une réflexion sur la mort. Guitare spasmodique, chant poignant, piano aux accents "classiques" lui donnent son aspect mélodramatique. Suit un bref passage ("Passaggio") au clavecin qui enchaîne sur une pièce instrumentale "Metamorphosis" qui démontrent un peu plus le talent de ces musiciens.

La face 2 nous plonge dans la longue suite à cinq tiroirs "Il Giardino del Mago". L'histoire d'un homme qui s'échappe du monde et qui se réfugie et se retrouve piégé dans le jardin d'un puissant magicien, un lieu sans loi humaine. Il ne retournera pas à la réalité qui est dominée par l'injustice sociale. Un des plus beaux titres du rock italien de tous les temps !
Le disque se termine sur l'énergique "Traccia" qui était un classique en live.


Le Orme - Felona E Sorona (1973)



Dès l'album "Collage" en 1971 Le Orme met bel et bien les deux pieds dans le monde du rock progressif. Le quintet devenu trio - le guitariste Aldo Tagliapietra ayant troqué sa guitare pour une basse - développe un style assez proche de celui de E.L.P., la démesure et la technicité en moins. Mais c'est en 1973 que le groupe produit son chef-d'oeuvre, un des premiers albums concepts du rock italien. Basé sur une histoire narrant le combat de deux planètes imaginaires, la radieuse Felona et la ténébreuse Sorona. Le disque alterne fulgurances symphoniques et mélodies charmantes et plus calmes. Le succès fut au rendez-vous, et Charisma Records proposa d'en faire une version anglaise. C'est Peter Hammill qui se chargea de l'adaptation des textes.

Museo Rosenbach - Zarathustra (1973)



Un de mes albums favoris du rock progressif italien, si ce n'est mon préféré. C'est devenu aujourd'hui un disque culte, mais à l'époque il était passé inaperçu. Je me souviens avoir vu Mikael Åkerfeldt (Opeth) porter fièrement un T-shirt arborant la pochette de cet album, et je ne suis pas étonnée car Zarathustra est un peu le mariage parfait entre un rock symphonique à la Genesis, et un rock Heavy un peu sombre, aidé en ceci par la voix puissante et légèrement rocailleuse de Stefano Galifi (actuel chanteur de Il Tempio Delle Clessidre).

Merci, Anne !

J'ai cet album de Le Orme et je le trouve excellent ! J'ai aussi Photos Of Ghosts de PFM, mais celui-ci m'a moins marqué...

J'irai écouter tout ça !

Chez PFM, je trouve que seuls les 2 premiers valent une oreille, ensuite le groupe perd sa substance.

Edit : Pour LE ORME, tu peux aussi te laisser tenter par "Uomo Di Pezza" qui précède "Felona E Sorona", et "In Concerto" plus tardif.

Biglietto Per L'Inferno - s/t (1974)



Un album plutôt complexe qui aurait probablement put gagner en simplicité. Ceci dit, on a là un album qu'il faut écouter avec attention car c'est un des disques majeurs du rock italien.

Il Biglietto Per L'Inferno est né à Lecco en 1972 de la fusion de deux groupes (Mako Sharks et The Gee). La couverture représente l'agitation qui traverse ce disque (photo prise sur scène du chanteur/flûtiste Claudio Canali).
L'album démarre par une intro instrumentale, "Ansia", avec les guitares de Mainetti et les claviers de Banfi qui s'entrelacent et forment un tapis sonore. La deuxième chanson "Confessione" déverse ses guitares et ses choeurs dans un style Heavy. "Una Strana Regina" est un titre dans lequel le groupe met en valeur ses talents instrumentaux et le prouve par des changements rythmiques et d'ambiances. "Il Nevare" est la meilleure chanson de l'album, suivie par un refrain entêtant et un mélange de guitares et de claviers qui se marient parfaitement. "L'Amico Suicida" résume en 14'29 les influences musicales du groupe. La chanson commence lentement puis explose dans les improvisations continuelles et conclut dans un soi-disant calme apparent.

J'essaie un peu tout mais j'ai décidément pas trop d'accroche avec ce style... Excepté pour BANCO DEL MUTUO SOCCORSO que je (re)découvre avec plaisir car je m'aperçois que je devais voir pas mal écouter ça "à l'époque" ! (les premiers albums en tout cas)

Le premier groupe que j'ai découvert c'est PFM, ensuite j'ai accroché de suite à Banco et à Le Orme. Mais il est vrai que parmi les moins connus, il y a quelques pépites. Je peux comprendre que le style italien ne plaise pas à tout le monde, même à ceux qui aiment le prog british et autres. Il y a déjà la barrière de la langue, un style musical qui intègre souvent le symphonique classique, les influences trad italiennes, et des particularités typiquement italiennes qui peuvent agacer.

Area - Arbeit Macht Frei (Il Lavoro Rende Liberi) 1973



C'est bien sûr un indispensable du (jazz) rock italien. Un chef-d'oeuvre !

Arti+Mestieri ‎– Tilt - Immagini Per Un Orecchio (1974)



Ces deux groupes ont en commun le goût pour la fusion Jazz-rock et Prog. Area a la particularité d'avoir en son sein un excellentissime chanteur, Demetrio Stratos. Chez Arti+Mistieri, le chant est le point faible. Mais comme ce groupe est essentiellement instrumental (2 titres avec chant sur "Tilt"), ça n'est pas gênant, d'autant plus que musicalement c'est plutôt réussi, dans la veine d'un Mahavishnu Orchestra en moins free et plus symphonique par moments (un petit quelque chose de Crimson première période, et Gentle Giant).

Areknamés ‎– s/t (2003)



Dans ce premier album, Areknamés nous propose un rock progressif plutôt sombre qui rappelle immédiatement VDGG (la voix de Michele parfois proche de celle de Peter Hammill), où les nombreux claviers (Hammond C3 (1972), Yamaha DX21 (1985), Fender Rhodes, Mellotron, Clavicembalo) se marient aux guitares qui alternent douceur et puissance façon Atomic Rooster. Si vous ajoutez les ambiances des premiers King Crimson, vous obtenez un savant mélange qui donne à ce premier jet d'Areknamés toute sa saveur. Mais Areknamés c'est aussi un peu de jazz façon Canterbury, du psychédélisme à la sauce Pink Floyd des débuts, ou encore des ambiances chères aux suédois d'Anekdoten.

Ah, alors ça, j'aime, à fond ! Cela dit j'ai surtout été marqué par In Case Of Loss. Et me rappelais même plus que c'était italien à dire vrai.

Bon finalement je n'ai pas tant de retard que ça, il est ouvert que depuis dimanche, de plus sans réelles nouveautés pour moi ... j'attends la suite

Spoiler:

Pour ta peine, tu m'écouteras ça, si ce n'est déjà fait !

Osanna - Palepoli (1973)



3 titres composent cet album qui est superbe. On plonge d'abord dans le Naples antique (Face1) pour se retrouver dans le monde moderne (Face2), avec l'Homme nouveau et tous les travers de la société moderne. Forte influence du Jazz, des premiers King Crimson (le jeu de guitare de Fripp, l'usage du Mellotron, de la flûte).

Juste avant je viens d'écouter Areknamés c'est vrai que c'est bien ... peut être plus facile pour moi car pas de chant Italien !!!

Je comprends et, surtout, ce n'est pas typé italien.

Picchio Dal Pozzo - Picchio Dal Pozzo (1976)



Un groupe à part dans la scène "rock" italienne des 70s. Le seul probablement à revendiquer des influences telles que Terry Riley, Frank Zappa, Igor Stravinsky et la scène Canterbury.

Maxophone - Maxophone (1975)



Un groupe arrivé trop tard sur le marché du rock-prog et pourtant cet album mérite le détour! Maxophone était l'un des plus techniques du Prog italien. En fait, trois des six musiciens provenaient d'études classiques en conservatoire.
C'est musicalement énergique et varié, mêlant jazz-prog, musique "classique" ou arrangements plus symphoniques (Genesis), avec une belle palette instrumentale, du cor, de la trompette, du vibraphone, du saxo, de la harpe, de la clarinette....
Ils ont eu beaucoup de succès en Italie et ont essayé de le reproduire à l'étranger en publiant le même album dans une version anglaise, mais la tentative a échoué.

Impressionnante ton "histoire du Prog italien"... ! Remerciements à toi .

Merci Ancestor

C'est vrai qu'elle en connaît un rayon la p'tite !!!
Merci à toi Anne pour tes chroniques

C'est gentil Eric, mais ce n'est pas le cas.
Pour te remercier, voilà une pochette qui résume ton week-end à Hellfest, non ?



Pas tout à fait italien, plutôt allemand mais enregistré et produit par une équipe italienne.

Ça n'est pas vraiment la tenue majoritaire des metaleux ...
Mais certaines en sont pas loin et c'est Toujours un plaisir pour les yeux !!!

Stereokimono ‎– Intergalactic Art Café (2011)



"Nous aimons penser à notre musique comme un développement d'expériences psycho-sensorielles qui stimulent la fantaisie et l'imagination ... une sorte de bande sonore pour les voyages intérieurs et cosmiques. En plaisantant, nous avons défini notre genre ROCK PSYCHOPHONIQUE OBLIQUE ".

Stereokimono est un trio instrumental aux influences progressives et psychédéliques (Antonio Severi (guitare, claviers), Alex Vittorio (basse), Cristina Atzori (batterie)). Ils ont à leur actif 3 albums, dont les deux derniers produits par Franz Di Cioccio, le batteur de PFM.

Arti + Mestieri
+ guests : David Cross et Mel Collins (ex King Crimson) pour une reprise de "Starless"
Textes en italien !!

Finisterre - La Meccanica Naturale (2004)



Album produit par Franco Di Cioccio, le sympathique batteur énergique de PFM qui, d'ailleurs, en assure quelques parties.
Je ne connaissais d'eux que "In Limine" (1996) qui me parait plus aventureux (plus "free") que celui-ci. Mais on y retrouve leur pop-rock(prog) puissante et harmonieuse, dont les claviers peuvent parfois rappeler le Genesis de "Wind & Wuthering".

A écouter Finisterre - bandcamp

ProgGirl a écrit:

Chez PFM, je trouve que seuls les 2 premiers valent une oreille, ensuite le groupe perd sa substance.

En dehors de ces 2 premiers albums incontournables, il ne faut pas oublier "L'Isola Di Niente". Tout d'abord, il est marquant par l'arrivée de l'ex bassiste de Area, le français Jan Patrick Djivas, plus technique que son prédécesseur, Giorgio Piazza. C'est aussi un changement d'orientation musicale, on y entend encore plus l'influence de Yes- la basse de Djivas y est pour beaucoup - ainsi que les guitare et claviers qui s'expriment en force. Ajouté à cela, on peut noter les ambiances qui rappellent Genesis, et d'autres plus torturés (King Crimson de "Lark's Tongue in Aspic").
Cet album aura sa version anglaise sous le titre "The World Became The World", aux textes signés Pete Sinfield.

Premiata Forneria Marconi - L'isola Di Niente (1974)